Il y a 5 jours, je me suis retrouvée devant ma copie de bac à écrire un éloge funèbre fictif sur mon auteur préféré. Je ne me doutais pas alors que je serais amenée à en ressentir la réalité peu après. Je suis encore jeune, et c'est la première fois que je suis confrontée à la mort.

Moi, je n'ai pas connu l'homme que nous honorons aujourd'hui autant que vous. Je n'ai pas connu l'homme guerrier et je n'ai pas connu l'homme qui a réussi à s'épanouir en France malgré tous les obstacles. Mais je n'ai pas besoin de le voir pour le savoir. La détermination et la force étaient ancrées dans son âme.

Mais mon grand-père n'était pas qu'un battant, il était aussi drôle et taquin. Lorsque nous étions à table, nous se faisions des combats de pieds, et échangions un sourire complice. Lorsque qu'il installait une petite piscine gonflable dans le jardin, nous nous arrosions mutuellement.

Moi j'ai connu un grand-père doux, drôle, sage, calme et aimant. J'ai connu un homme qui m'a appris à nager, à nourrir les poules, à arroser les plantes, à faire attention aux insectes cachés dans les fruits.

Tu es celui qui a été assez patient pour m'emmener à la piscine afin que j'arrête de couler, tu es celui qui m'a raconté les petits secrets et anecdotes de la famille, mais aussi celui qui m'a donné des conseils sur la vie.

Des petits massages le soir, je ne pourrais plus t'en faire. Mais ça, c'est par rapport à moi. Peut-être que dans l'empire des anges, toi, tu es massé à volonté ?

J'ai lu une fois qu'un enterrement, ce n'était pas pour le mort, mais pour les vivants. Une consolation pour ceux qui sont obligés de rester dans ce bas monde.

Aujourd'hui, nous partageons tous la même douleur.
Mais nous partageons aussi le même amour envers mon grand-père.
Si le corps est parti, si l'âme est montée aux cieux, il nous reste pourtant encore l'amour.
Alors, tant que je le garde en mémoire, tant que je l'aime, tant que nous l'aimons, il reste là.